Un des principaux responsables de la pollution de l’environnement dans la culture du riz est le méthane (CH4) qui représente une importante source anthropique de gaz à effet de serre (GES) atmosphérique. Peu d’études ont étudié les similitudes ou les différences dans changements environnementaux régionaux induits par les modes de gestions tels que l’irrigation et plus généralement la gestion de l’eau.

Dans ce rapport, deux approches principales et leurs outils correspondants (EX-Ante C-balance Tool, EX-ACT et l’Analyse du Cycle de Vie, ACV) sont utilisées pour comparer et évaluer l’impact des systèmes riz pluvial et rizicoles d’Asie du Sud-Est. Pour les systèmes inondés, la typologie consiste en quatre grands systèmes qui sont basés sur le régime hydrique, le drainage, la température, le type de sol et la topographie. Les résultats montrent que la typologie retenue (riz pluvial, riz inondé, riz inondé à submersion profonde et le riz irrigué) est adéquate pour représenter les systèmes de gestion d’un point de vue environnemental. Il est souligné que la culture de riz pluvial présente des bilans de carbone, en particulier lors de l’application de fumier, avec un taux de séquestration de 2,5 tonnes équivalent CO2 par hectare cultivé et 0,62 tonnes équivalent CO2 par tonne de riz produit.Dans les systèmes irrigués, la gestion de l’eau (l’irrigation et le drainage) est primordiale dans le contrôle de la quantité émise de GES. En intensifiant le niveau de drainage, l’impact sur les émissions de GES peut être modifié par un facteur allant jusqu’à 4 à 5. Les systèmes sans contrôle du drainage présentent les émissions les plus élevées (7,78 tonnes équivalent CO2 par hectare cultivé), tandis que par les systèmes inondés par intermittence (2,29 tonnes équivalent CO2 par hectare cultivé, sans présaison inondée) peuvent présenter des émissions du même niveau que des systèmes pluviaux. Enfin, avec une présaison inondée, les systèmes montrent une situation intermédiaire (4,35 tonnes équivalent CO2 par hectare cultivé). L’approche par niveau (coefficients par défaut, dit de niveau-1 ou de Tier-1, ou coefficients régionaux voire nationaux pour le niveau-2, ou Tier-2) a un fort effet sur les bilans de GES pour tous les systèmes de riz, à l’exception des systèmes pluviaux. Dans les systèmes irrigués, l’approche Tier-2 se traduit par un doublement des émissions totales. Lorsque les émissions sont rapportées au rendement moyen potentiel de chaque catégorie (4-5 t/ha pour le riz en eau profonde, 5- 7 t/ha pour le riz pluvial de plaine, 12-13 t/ha pour le riz irrigué), les systèmes inondés avec un drainage intermittent sont aussi émissifs que les systèmes pluviaux. Les systèmes inondés en permanence avec une présaison inondée demeurent les pires systèmes en termes d’impact climatique. Le riz en eau profonde présente une situation intermédiaire mais qui varie fortement en fonction des pays. Même si les deux approches ont été développées pour répondre à différentes problématiques, EX-ACT et les approches de l’ACV fournissent des niveaux similaires d’émissions de GES.

Le modèle de Transfert de Gestion de l’Irrigation aux usagers pose comme hypothèse que la gestion participative des périmètres est garante de la pérennité d’un système irrigué. Les diagnostics existants réalisés dans le pays montrent pourtant des résultats discutables tant pour l’état de l’infrastructure que pour la situation financière des groupements d’usagers.

Face à ce constat, les études de cas nous montrent que le concept d’action collective, tel qu’il est conçu par la littérature scientifique, ne se transpose pas réellement aux pratiques des usagers dans un système lao fortement hiérarchisé. Cependant, l’analyse de la viabilité financière des périmètres montre qu’en renforçant les capacités de gestion et l’autorité des acteurs institutionnels à l’échelle locale, les usagers peuvent financer les coût d’opérations et d’entretien de l’infrastructure.

Les résultats montrent également que la plus-value des productions rizicoles n’est pas assez élevée pour envisager l’autosuffisance totale des systèmes à l’heure actuelle. Le modèle de gestion, tel que appliqué à l’échelle du district, est donc davantage relatif au PIM qu’à l’TGI. L’enjeux du TGI semble avant tout politique, comme le montre l’été actuel des financements.

The sustainability and the performance of irrigated systems are important issues. To face these challenges, participatory irrigation management policies were developed worldwide from the end of the 1980s, and from the end of the 1990s in Cambodia. Indeed, the management of irrigated systems by water users associations, in charge of the operation and maintenance (O&M) of the irrigated schemes, was meant to allow better performing systems. Yet, the performance of water users associations depends very much on the institutional support provided to them and on the level of involvement of water users during project design and implementation. The goal of this study is to see to what extent institutional investments in irrigation projects in Cambodia influence the sustainability of irrigated schemes. By comparing the results of 4 different projects, for which institutional support was different, we show that the latter does not have noticeable impact in terms of yield and rice income. However, the results in terms of fee collection, allowing the financing of the O&M of the schemes, differ significantly between the 4 documented projects. In the projects characterized by higher institutional investment, fee collection allows the
funding of around one third of O&M needs. In the other projects, fee recovery only allows the funding of less than 3% of these O&M needs. Therefore, it is likely that institutional investment and support have an impact on the sustainability of irrigated perimeters over the long term. Taking in consideration other indicators and more diverse strategies of institutional support would be necessary to confirm the added value of such institutional investment. Furthermore, the funding of O&M needs still remains an important issue because, even in the schemes that have received a lot of support, water users are not able to meet the full O&M needs

La Note présente d’abord la diversité des systèmes rizicoles à travers une typologie de référence mondiale. Elle explicite ensuite les mécanismes à l’oeuvre des émissions rizicoles de méthane, gaz spécifiquement liée à la riziculture sous submersion, en laissant volontairement de côté les émissions d’autres gaz, inhérentes à toute activité agricole, Elle introduit ensuite l’outil EX-ACT, conçu pour évaluer des projets de développement rural au regard de leur bilan carbone. Elle présente ensuite une série de résultats de simulations par EX-ACT d‘émissions de méthane, pour différentes formes de riziculture présentes dans le Sud Est Asiatique et sous différents scénarios de conduite de la riziculture qui introduisent notamment des changements de pratiques dans la gestion de l’eau ou vis à vis des apports en matière organique, deux leviers qui influencent les processus méthanogènes. Enfin, elle propose une discussion sur les marges de réduction des émissions de méthane par la riziculture et sur l’appréciation des impacts de la riziculture irriguée, dans une vision plus large intégrant d’autres externalités de cette production.